"Pour le droit de toutes les femmes à être des êtres humains à part entière".
"L'exclusivité avec laquelle les hommes revendiquent la réglementation de tout et de tous dans le monde selon leur seule volonté est effectivement insupportable". (1929)
"Être femme, c'est être politique. Toute notre vie quotidienne est politique, de la première à la dernière heure". (1947)
"Les questions féminines sont des questions d'humanité". (1953)
Marie-Elisabeth Lüders était une femme qui, à la fin du XIXe siècle, a eu le courage de s'opposer à toutes les conventions de son monde bourgeois bien protégé afin de lutter pour les droits des femmes. Elle a mené le combat pour l'égalité des droits des femmes de l'Empire jusqu'aux débuts de la République fédérale d'Allemagne, en passant par la République de Weimar et la dictature nationale-socialiste. Elle a été une pionnière qui a permis aux femmes d'accéder à de nouveaux espaces auparavant fermés. Dans sa nécrologie en 1966, le journal Die Zeit écrivait : "La vie de cette femme était consacrée à la lutte contre la suprématie masculine".
De 1953 à 1961, elle fut présidente d'âge du Bundestag allemand à Bonn. Elle s'est beaucoup investie pour que toutes les lois contradictoires soient adaptées à l'article sur l'égalité des droits de la Loi fondamentale. Mais sa voix a également pesé dans toutes les autres questions débattues au Parlement de Bonn.
Après avoir obtenu son doctorat en sciences politiques en 1912, devenant ainsi la première femme en Allemagne à le faire, cette fille de conseiller secret berlinois se consacra au travail social et aux femmes. Elle a occupé des fonctions de direction dans ce domaine jusqu'en 1922. Lorsque les femmes obtinrent le droit de vote et d'éligibilité après la Première Guerre mondiale en 1919, elle fut élue à l'Assemblée nationale puis au Reichstag en tant que membre du Parti démocratique allemand (DDP). En 1922, elle a donné naissance à un fils qu'elle a élevé seule. En 1937, elle fut emprisonnée quatre mois en tant que prisonnière politique. Jusqu'à la fin du régime nazi, elle vécut recluse, en partie dans le sud de l'Allemagne, par crainte de nouvelles représailles. En 1947, elle revint à Berlin et assuma à partir de 1948 - pendant le blocus de Berlin-Ouest par l'Union soviétique et le pont aérien des alliés occidentaux - jusqu'en 1951 le poste de conseillère municipale pour les affaires sociales, en tant que laquelle elle s'acquitta de grands mérites pour la reconstruction de l'assistance et des soins médicaux dans la ville détruite. Au cours des deuxième et troisième législatures, elle a représenté le FDP au Bundestag en tant que députée berlinoise et a ainsi marqué de son empreinte la jeune République de Bonn.
Elle ne se préoccupait pas de ses sensibilités personnelles lorsqu'elle qualifiait Bonn, la capitale fédérale de l'époque, de "provisoire". Son objectif suprême était la réunification de l'Allemagne, condition essentielle à la paix mondiale, et le retour du parlement et du gouvernement dans l'ancienne capitale du Reich, Berlin, la "patrie ancestrale de la représentation populaire allemande". Dans son discours d'ouverture du deuxième Bundestag de 1953, elle assura : "Nous n'avons pas encore de parlement panallemand ; mais nous l'aurons". Elle exprima l'espoir "que le prochain doyen d'âge puisse à nouveau inaugurer le Reichstag allemand - ou quel que soit son nom - dans l'ancienne capitale Berlin".
En 1958, à l'occasion de son 80e anniversaire, Lüders caractérisa la politicienne du SPD Herta Gotthelf : "Elle était connue et redoutée pour son sens de la répartie porté par une grande connaissance du sujet. C'est une personne libre dans le meilleur sens du terme et elle incarne ce libéralisme allemand qui n'a malheureusement jamais été très fortement ancré dans le peuple allemand. Son intégrité, sa discipline personnelle, son dévouement total à son travail forcent le respect même de ses adversaires. Mais Marie-Elisabeth Lüders est encore plus que cela : lorsqu'elle a félicité Louise Schröder pour son 70e anniversaire en avril dernier, elle l'a fait avec tant de chaleur humaine et presque un charme de jeune fille que l'on ne soupçonnerait pas autrement derrière son âpreté extérieure. Pourtant, pendant des décennies, elle a prouvé en toute discrétion dans sa vie personnelle qu'il ne suffit pas d'avoir des théories sociales, mais qu'il faut aussi les mettre en pratique. Parmi les personnalités féminines de la République fédérale, Marie-Elisabeth Lüders est sans conteste la plus remarquable".
Inégalité des droits (1878 à 1900)
Mouvement des femmes, études et travail social des femmes (1900 à 1918)
Les droits des femmes au Reichstag (1918 à 1933)
L'oppression des femmes sous le national-socialisme (1933 à 1945)
Les droits des femmes au Bundestag (1945 à 1966)
Fin
Texte : Ulrike Klens