Je suis né dans un cimetière". Une douleur qui ne connaît pas de début, qui ne connaît pas de fin. [...] Ma mère, mon père, ma grand-mère : des sur-vivants. Des endeuillés. Des tristes à mourir. Tristes de vivre. J'étais leur sourire. Sourire de tristesse".

FREMD raconte l'histoire d'un enfant. Il naît en France, fils de survivants de la Shoah. La famille est apatride, sans patrie. Une vie de diaspora. Dans les années soixante, la famille immigre en Allemagne. Justement dans le pays des assassins qui ont exterminé presque toute la famille des parents. L'enfant se sent étranger. "Quelque part au milieu de nulle part, je vis". Comment construire sa vie dans cet endroit ? À quoi rêve-t-on ici et comment se tourner vers l'avenir dans un endroit où le passé est comme un voile sur tout et où le présent est synonyme d'exclusion, de racisme et d'antisémitisme ? La famille se serre les coudes. Peut-être même se serre-t-elle parfois trop fort. L'enfant se sent toute sa vie responsable de ses parents, il reste un enfant, même lorsqu'il est adulte depuis longtemps. Le traumatisme pèse lourdement sur la famille, il ne la lâche pas. "Si j'ai peur de l'étranger, combien l'étranger a-t-il peur de moi. Et la peur, la peur, c'est mon compagnon de vie". Mais l'enfant survit et tente de continuer à rêver.

Michel Friedman a écrit un texte lyrique et autobiographique sur le sentiment d'étrangeté. FREMD est l'histoire d'un homme et décrit en outre de manière exemplaire de nombreux autres destins. Ce poème en prose se lit comme un avertissement poétique face aux événements politiques et sociaux de ces derniers mois. C'est un plaidoyer pour une approche complexe et critique du présent et de la culture du souvenir, pour la reconnaissance des différences et des attitudes et, surtout, un plaidoyer pour l'humanité. "Où est le contre-lieu de l'étranger ?"

Emel Aydoğdu, qui a créé avec succès le roman WIR WISSEN, WIR KÖNTEN, UND FALLEN SYNCHRON sur la scène de l'atelier durant la saison 2023|24, mettra en scène FREMD, son deuxième travail au théâtre de Bonn. Avec un chœur polyphonique d'où émergent sans cesse des voix individuelles, la metteuse en scène veut jeter un pont entre l'histoire individuelle et personnelle et les expériences collectives et universelles de l'exclusion.

Emel Aydoğdu, née en 1990 à Gaziantep, Turquie, est metteur en scène et auteur. Elle a étudié la recherche scénique, les sciences religieuses, l'histoire de l'art et l'art moderne et contemporain à Bochum. De 2017 à 2019, elle a été engagée comme assistante à la mise en scène au Theater Oberhausen et a travaillé entre autres au Schauspielhaus Bochum, au Jungen Schauspielhaus Düsseldorf, au Maxim Gorki Theater Berlin, au Theater Osnabrück, au Theater Oberhausen, au Jungen Staatstheater Braunschweig et au Theater Konstanz. À partir de la saison 2024|25, elle forme avec Anne Tysiak la direction artistique du JUST - Junges Staatstheater Wiesbaden.